Toussaint Louverture

                            NOTE D'INTENTION NADÈGE PERRIER / AUTRICE 

Mon envie d’écrire sur Toussaint Louverture m’est venue lors de ma visite au Château de Joux dans le Doubs. J’ai été saisie par le destin tragique de ce personnage au parcours extraordinaire mort de froid en 1803 entre les murs de cette forteresse où l’avait fait enfermé Napoléon Bonaparte. Et rapidement s’est imposée à moi une lecture singulière de l’histoire, celle d’un ancien esclave porteur d’un idéal révolutionnaire dévoilant son parcours à son geôlier dans l’intimité de cette prison.Les aspirations de liberté et d’émancipation de ce grand héros noir se brisant sur les murs d’une forteresse au sommet d’un pic rocheux à des milliers de km d’Haïti m’ont en effet inspiré une lecture qui résonne bien sûr avec l’actualité où les héros issus de la diversité ont tant de mal à trouver leur place. Mais j’ai souhaité aussi confronter cette lecture à une réalité plus intime, celle d’une région, la Franche-Comté, que je connais très bien pour y avoir grandi, une terre de gens simples, attachés, comme Toussaint, autant à leur terre qu’à la liberté. Et, ce qui apparaît comme un choc des mondes, devient alors le partage d’une quête universelle, celle de notre humanité.

Toussaint Louverture reste bien sûr le héros de cette pièce qui cherche à lui rendre hommage, sans omettre non plus ses zones d’ombre et les fragilités du personnage. Mais comment ne pas être impressionnée par cet esclave affranchi de Saint Domingue devenu en quelques années premier Général noir de l’Armée française et Gouverneur de l’ïle ? Comment ne pas être bouleversée par son engagement dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage ainsi que pour l’indépendance de Saint Domingue ? Comment ne pas être touchée par les souffrances endurées par cet homme et sa fin tragique au cœur de ce monument majestueux dont la beauté me laisse sans voix.

Les questionnements sur Toussaint Louverture sont nombreux. Ils sont portés dans la pièce par son face à face avec le geôlier et l'émissaire de Napoléon. Ce huis clos passionnant et sensible est pour moi l'occasion rêvée d'éclairer une partie de notre histoire, celle des colonies et de la fin de l'esclavage tout  en dévoilant le parcours bouleversant d'un héros noire encore trop méconnu.

Le Château de Joux, l'histoire de France et la quête de liberté

NOTE D’INTENTION - TONY HARRISSON / METTEUR EN SCÈNE

Dans cette mise en scène de Toussaint Louverture, j’ai voulu souligner la portée universelle de son parcours : celui d’un homme affranchi qui, en pleine époque esclavagiste, gravit les échelons de l’armée puis du pouvoir à Saint-Domingue, mû par une soif de justice et de liberté. Son combat résonne encore aujourd’hui, car il incarne une lutte intemporelle pour l’égalité.

La scénographie est volontairement épurée, presque résiduelle, afin de laisser place à une sensation d’élévation et de poésie. Elle contraste avec des costumes et accessoires fidèles à l’époque, pour ancrer le récit dans son contexte historique. Plutôt que de reconstituer une geôle, j’ai choisi de faire ressentir l’isolement et le froid par le son — bruits de pas, de vent, de clés — pour plonger le spectateur dans l’intériorité du personnage.

La flûte traversière, seul instrument présent, incarne ce souffle poétique qui traverse la pièce, comme un écho de mémoire et de douceur face à la rudesse du sort de Toussaint.

Au cœur de cette fresque historique, j’ai tenu à placer l’humain : l’amitié inattendue entre Toussaint et son geôlier, venus de mondes opposés, crée un pont d’humanité. À travers leurs échanges, et les visites du général Caffarelli, figure déchue du pouvoir, se dessinent les rapports de force, les illusions d’autorité, et la grandeur d’un homme qui attendra en vain son procès.

Cette pièce interroge autant l’histoire que notre époque : elle fait le lien entre esclavage passé et formes modernes d’asservissement. Elle rappelle que la liberté reste un combat toujours d’actualité.

La résilience humaine, l'épopée historique et l'amitié